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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/87

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DU VOIR-DIT.

« Car ce fu pour vous eſſaier,
« Quant je vous fis petite chiere :
« Ne vueil pas eſtre envers vous fiere,
« Car vous eſtes mon ami vray,
« N’autre de vous jamais n’auray. »
Lors li donra un annelet,
Ou aucun petit jouelet,
Et li dira : « Car vous levés,
« Et ſi mengiés & ſi bevés,
« Car ſans doubte je ne vueil mie
« Que vous menés ſi dure vie. »
Cil en l’eure ſe levera,
Et de tous maus garis ſera ;
Il buvera & mengera,
Se meſtiers eſt & s’armera
De cote de fer, ou de tacles.[1]
Ne ſont-ce pas belles miracles ?
Or querez un ſaint qui ce face,
Et qu’en l’eure une fièvre efface.
Il puevent moult, bien l’ay créu,
Mais encor ne l’ay pas véu ;
Qu’onques nul miracle ne vi
Si grant com d’un amant ravi.

En ces .ij. mois que dit vous ay,
En ma maladie dictay,
Et en mon lit, ces .iiij. choſes
Qui ſont en ces lettres encloſes,[2]

  1. Du Cange, ou plutôt Carpentier, rend ce dernier mot par flèche & bouclier. Je le crois plutôt ſynonyme de plates, lames de métal qui, juxtapoſées, remplaçoient au quatorzième ſiécle les mailles du haubert.[App. XI.]
  2. Dans la lettre IV, placée un peu plus loin.