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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/135

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poëme. Et d’abord il ne se tient pas à son évocation de la Déesse Cyprine. Plus scrupuleux qu’un Trinitaire même, et craignant de s’être lancé dans le paganisme sensuel, il apporte aux galantes images qui sont venues sous sa plume, cette atténuation :


Mais pour joindre l’Amour avec l’honnesteté,
Et monstrer qu’en ces lieux règne la chasteté,
Un Enfant aussy pur que la mesme innocence
Conduit ces belles eaux, et rit à leur naissance ;
Ce liquide cristal sort d’un marbre animé,
Où selon mon désir le temps a consumé
Ce que l’Art qui se plaist d’imiter la Nature
Avoit mis de honteux en sa chaste figure.


Est-ce bien exactement de la figure que Colletet entend parler ici ? L’Art qui se plaist d’imiter la Nature éveille un sous-entendu amusant. Mais nous verrons mieux ! Notons toutefois que ce n’est point Colletet qui parle : il n’est point si prude ! C’est une Dame, une actrice jouant quelque rôle de marquise, soit la Cleonice de la Comédie. Elle s’adjective au féminin :


Errant par les destours de ces nobles vergers
Je me suis rencontrée en un bois d’orangers.


Et dès lors bien des minauderies, et de rétractiles mines de fausse hermine vont s’expliquer.