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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/137

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Car cela fait venir de coupables pensées ! Et pourtant on est tenté de se demander où est la différence ? Voici pis :


En mesme temps j’ay veu sur le bord d’un ruisseau
La Cane s’humecter de la bourbe de l’eau,
D’une voix enrouée et d’un battement d’aisle
Animer le Canard qui languit auprès d’elle,
Pour appaiser le feu qu’ils sentent nuict et jour
Dans cette onde plus salle encor que leur amour.

Lors j’ay dict en mon cœur : si l’Amour ne sépare
Ce qu’il a de commun de ce qu’il a de rare.
Le plaisir innocent d’avec l’impureté,
L’Esprit n’y trouve pas ce qu’il a souhaitté.


Hé Dieux ! que cette dernière pensée est donc réjouissante ! li est certes des choses dont on ne saurait supporter l’idée, dirait Gathos à Gorgibus, dans Les Précieuses.


Et que la peinture de ce Canard et de cette Cane est un morceau d’un goût achevé ! Richelieu trouva cela tellement ravissant qu’il fit remettre au poète cent livres pour chacun des vers du couplet, et qu’il ajouta un compliment enthousiaste, par dessus le marché. « Le ministre bel-esprit, tout trépignant d’aise (selon Théophile Gautier qui a peint de main de maître, dans Les Grotesques, un portrait de Guillaume Colletet un peu bien romantique et