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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/141

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nulle confiance en cette eau, brillante à la surface, trouble au fond, et peu sûre. Et puis, lui qui eut la manie d’épouser toutes ses servantes, il ne devait pas goûter le langage alliciant et décevant des Duchesses. Il met quelque mauvaise humeur à nous avouer ces sentiments divers et ces inavoués malaises en un second Sonnet que nous offre un nouveau recueil : Poésies Diverses de Monsieur Colletet — Paris, Chamhoudry, 1656, in-12.


LES SERAINES DE FONTAINEBLEAU.


Je suis dans un désert pompeux, et magnifique,
Où les Dieux sont mortels, où les peuples sont Roys,
Où l’on void des rochers, des fontaines, des bois,
Et des Divinitez qui n’ont rien de rustique.

Mais quoy que pour flaUer le Soucy qui me pique
D’estre loin de Cloris dont j’adore les loix,
J’oye un concert de luths, j’oye un concert de voix,
Parroy tant de plaisirs je suis mélancolique.

Je voy si peu d’amour, et si peu de bonté,
Que je puis bien ailleurs chercher la volupté
Et l’adoucissement de ma fatale peine.

Fuyons donc un escueil si traistre et si meschaut,
Et nommons cette Cour une lasche Seraine,
Puisqu’elle en a l’humeur, aussy bien que le chant.


Ces mots de « Sirènes de Fontainebleau » m’inquiètent au passage. Déjà Ronsard a