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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/204

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À l’heure où Gabrielle expire, Henri accourt à cheval, au grand galop. On l’arrête, on lui dit qu’il est trop tard, qu’il ne faut pas qu’il vienne ; on lui objecte le scandale. Un carrosse était là. « On y mit le roi, dit Michelet. Les bons serviteurs crièrent : à Fontainebleau. » — Les Parnasse des plus excellens poëtes de ce tems contiennent ces vers, signés : Laugier de Porchères.


REGRETS DU ROY
SUR La MORT DE MADAME La DUCHESSE.


 
Demeure de mon bien, si pompeuse et si chère,
Lorsqu’il m’estoit permis par le Ciel moins severe
          De t’appeller ainsy.
Tes appas sont tombez de l’un à l’autre extresme,
Et pense en te voyant ou n’estre pas moi mesme
          Ou n’estre pas icy.

Tu n’es plus ce beau lieu si doux à mes pensées,
Dès que la mort changea mes liesses passées
          En cet ennuy présent ;
Helas ! si de mon mal je ne perds la souffrance.
Que ne perds-je du bien au moins la souvenance
          Que tu me vas causant !

Ces rares bastimens, tesmoins de mes délices,
Qui par mon souvenir sont ores les complices
          De mes afflictions,
Présentent à mes yeux ma peine descouverte ;
Et jusques aux rochers discourent de ma perte
          Et de mes passions.