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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/206

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Callipente ? πένθος, sans doute : Belle douleur ; comme Calliryme,’ρῠμα ? peut être : Belles larmes. En des jours meilleurs, et plus heureusement, c’était : Astrée Mais oyons ce que dit l’amant éploré.


Arbres plus fortunez que mon Âme affligée,
Croissez jusques au Ciel où ma Dame est logée ;
          Portez luy mes Amours ;
Dites luy de ma part que je fais bien paroistre
Ma tristesse en mes yeux qui pour vous faire croistre
          Vous arrosent tousjours.

Combien que Callipente en ma douleur extresme
M’abandonne si seul que je ne suis pas mesme
          Avec moy seulement,
Je recherche aux desers en vain la solitude ;
Le regret m’accompagne et la solicitude,
          La crainte et le tourment.


Eh ! mais, voilà, malgré des taches, deux belles stances. Et la suivante est pleine d’un vrai cri de douleur et de regret, et d’une vivante passion, et vibrante, et toute bouillonnante encore, et chaude.


Je dis en quelque part que je jette ma veûe :
Là ma main l’a touchée, icy mon œil l’a veüe,
          Et là je l’embrassoy :
Icy, je la baisoy, là je tins ce langage.
Bref chacun de mes sens reconnoist son dommage
          En ce que j’apperçoy…