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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/95

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temps des fêtes est passé. L’heure n’est plus de chanter et d’aimer et de rire, ainsi qu’aux années qui se sont envolées si vite. Le roi a vieilli, s’est assombri, et il lui semble que tout se soit assombri étrangement autour de lui, avec lui, en même temps que lui.


Je ne suis plus celuy dont la grâce et la veuë
Rendoit ceste contrée en tout tans si pourveuë
          D’amours et de plaisirs.
Qui donnoit à ces eaux un si plaisant murmure.
Tant d’email à ces prez, aux bois tant de verdure.
          Aux cœurs tant de désirs.


Cette marche parallèle du deuil de la nature avec le deuil humain a été dite bien des fois ; mais le roi, par la bouche du poëte, va plus loin, et jusqu’à penser que si les fleurs sont mortes et si les sources ne chantent plus, c’est à cause de lui, c’est par son influence, c’est (il a peut-être raison !) par horreur de lui.


Quand j’approche de vous, belles fleurs printanieres,
Vostre teint se flestrit ; les prochaines rivières
          Cherchent d’autres destours :
Je fay tarir l’humeur de ces fontaines claires
Qui craint que de mes yeux les sources mortuaires
          Ne profanent son cours.

J’ay le cœur si comblé d’amertume et d’oppressé !…