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Page:Maeterlinck - Pelléas et Mélisande, 1907.djvu/67

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méchante pierre, et je ne puis pas y atteindre… Mon petit bras n’est pas assez long — et cette pierre ne veut pas être soulevée… On dirait qu’elle a des racines dans la terre…

On entend au loin les bêlements d’un troupeau.

Oh ! oh ! J’entends pleurer les moutons. — Tiens ! Il n’y a plus de soleil ! — Ils arrivent les petits moutons ; ils arrivent… Il y en a !… Il y en a !… Ils ont eu peur du noir… Ils se serrent. Ils se serrent ! Ils pleurent… et ils vont vite !… Il y en a qui voudraient prendre à droite… Ils voudraient tous aller à droite. Ils ne peuvent pas !… Le berger leur jette de la terre !… Ah ! ah !… Ils vont passer par ici… Je vais les voir de près. — Comme il y en a !… — Maintenant, ils se taisent tous. Berger ? Pourquoi ne parlent-ils plus ?

LE BERGER, qu’on ne voit pas.

Parce que ce n’est pas le chemin de l’étable ! —

YNIOLD.

Où vont-ils ? Berger ? Berger ? Où vont-ils ?… Il ne m’entend plus. Ils sont déjà trop loin… Ils ne font plus de bruit. — Ce n’est pas le chemin de l’étable… Où vont-ils dormir cette nuit ?… Oh ! oh ! il fait trop noir… Je vais dire quelque chose à quelqu’un !

Il sort.