Aller au contenu

Page:Maeterlinck - Pelléas et Mélisande, 1907.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donne-moi tes mains… Oh ! tes mains sont petites !… Je ne savais pas que tu étais si belle !… Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau, avant toi… J’étais inquiet ; je cherchais partout dans la maison… je cherchais partout dans la campagne… Et je ne trouvais pas la beauté… Et maintenant je t’ai trouvée !… Je t’ai trouvée !… Je ne crois pas qu’il y ait sur la terre une femme plus belle !… Où es-tu ? — Je ne t’entends plus respirer…

MÉLISANDE.

C’est que je te regarde…

PELLÉAS.

Pourquoi me regardes-tu si gravement ! — Nous sommes déjà dans l’ombre. — Il fait trop noir sous cet arbre. Viens dans la lumière. Nous ne pouvons pas voir combien nous sommes heureux. Viens, viens ; il nous reste si peu de temps…

MÉLISANDE.

Non, non ; restons ici… Je suis plus près de toi dans l’obscurité…

PELLÉAS.

Où sont tes yeux ? — Tu ne vas pas me fuir ? — Tu ne songes pas à moi en ce moment.

MÉLISANDE.

Mais si, mais si, je ne songe qu’à toi…

PELLÉAS.

Tu regardais ailleurs…