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Page:Maeterlinck - Pelléas et Mélisande, 1907.djvu/74

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MÉLISANDE.

Je te voyais ailleurs…

PELLÉAS.

Tu es distraite… Qu’as-tu donc ? — Tu ne me sembles pas heureuse…

MÉLISANDE.

Si, si ; je suis heureuse, mais je suis triste…

PELLÉAS.

Quel est ce bruit ? — On ferme les portes !…

MÉLISANDE.

Oui, on a fermé les portes…

PELLÉAS.

Nous ne pouvons plus entrer ! — Entends-tu les verrous ! — Écoute ! écoute !… les grandes chaînes !… Il est trop tard, il est trop tard !…

MÉLISANDE.

Tant mieux ! tant mieux !

PELLÉAS.

Tu ?… Voilà, voilà !… Ce n’est plus nous qui le voulons !… Tout est perdu, tout est sauvé ! tout est sauvé ce soir ! — Viens ! viens… Mon cœur bat comme un fou jusqu’au fond de ma gorge… Il l’enlace. Écoute ! mon cœur est sur le point de m’étrangler… Viens ! viens !… Ah ! qu’il fait beau dans les ténèbres !…