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Page:Magasin d'Éducation et de Récréation, Tome XIV, 1901.djvu/70

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point la première en volume, et le rendement en fut moins avantageux. D’ailleurs, les souffleurs commençaient à regagner de hautes latitudes. Aussi le Saint-Enoch, n’ayant en totalité que neuf cents barils d’huile, devait-il chercher d’autres parages de pêche.

Le capitaine Bourcart eut alors la pensée de se rendre à la baie des Îles, colonie anglaise établie sur le littoral est d’Ika-Na-Maoui, l’île septentrionale du groupe. Peut-être pourrait-il doubler son chargement avant de rallier les côtes occidentales de l’Amérique ?…

Dans cette baie, le Saint-Enoch s’approvisionnerait de pommes de terre, et plus facilement qu’aux environs d’Akaroa, où ces légumes ne font pas l’objet d’une très abondante culture.

Le navire appareilla dans la soirée du 29 mars, et, le surlendemain, on eut connaissance de la baie des Îles.

L’ancre fut envoyée par un fond de dix brasses à courte distance de terre.

Dans le port étaient en relâche plusieurs baleiniers qui se préparaient à quitter la Nouvelle-Zélande.

Dès que les voiles eurent été serrées, le capitaine Bourcart s’informa de l’endroit où il pourrait se fournir de pommes de terre. On lui indiqua une ferme éloignée d’une douzaine de milles vers l’intérieur. Les deux lieutenants partirent aussitôt sous la direction d’un Anglais choisi pour guide.

Les pirogues remontèrent une rivière sinueuse entre de hautes collines.

Le long des rives s’élevaient des habitations mahories, bâties en bois, entourées de jardins riches en légumes que les indigènes échangent volontiers contre des vêtements de fabrication européenne.

À l’extrémité de la rivière était établie cette ferme où les pommes de terre abondaient, et dont on emplit plusieurs sacs en natte. Revenues le soir même à bord, les embarcations rapportaient en outre une provision d’huîtres d’excellente qualité, ramassées sur les roches des berges. Un régal pour le carré comme pour le poste de l’équipage.

Le lendemain, le maître d’hôtel du Saint-Enoch put se procurer quantité d’oignons provenant des jardins mahoris. Suivant la coutume, ces oignons furent payés de la même monnaie que les pommes de terre, en pantalons, en chemises, en étoffes, dont le navire possédait une pacotille.

Au surplus, les indigènes se montraient fort obligeants, au moins sur les territoires