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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/108

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LA LUXURE DE GRENADE

diques. Le crime de l’Adalide était flagrant. Il était monstrueux de vouloir vendre une Espagnole quand on était en paix avec les rois chrétiens. Il ne pardonnait aux deux marchands qu’à la condition que leurs transactions seraient désormais marquées au sceau de l’équité. Les cent mitcals d’or seraient versés à titre d’indemnité entre les mains de la femme offensée. Celle-ci était invitée à se rendre sans retard à l’Alhambra pour exposer en détails toute l’histoire.

Mais sans retard aucun ! Ali le muet fut chargé de ne pas la perdre de vue et de la conduire.

Les Kaschefs entraînèrent l’Adalide et en gravissant les rues en pente qui le ramenaient vers son palais, l’Émir répétait en riant au grand maître des écoles publiques :

— Comme tu souffles, mon pauvre ami ! Tu ne peux plus me suivre. Et encore, je parie que tu vas t’étendre pour dormir, aussitôt rentré, tandis que moi !…

Ce fut le Hagib lui-même qui conduisit Isabelle de Solis à l’Almocaden de la prison de l’Alhambra.

Un sourire entendu éclairait son visage jaune.

Il arrêta d’un geste la surprise de l’Almocaden.

Oui, l’Émir avait jugé qu’il fallait le premier fonctionnaire du royaume pour introduire une jeune étrangère dans la cellule d’un Adalide emprisonné la veille. Mais il n’y avait pas de petite mission pour un ministre fidèle et Allah était seul juge du caprice des grands.