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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/109

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LA LUXURE DE GRENADE

Les prisons occupaient les derniers étages de l’Alcazaba et on y accédait par un long escalier en spirale.

L’Almocaden marchait le premier, levant une lampe, et il désignait parfois aux visiteurs une marche usée. Chemin faisant, il échangeait quelques paroles à voix basse avec le Hagib. Elles avaient trait à la singularité des goûts de l’Émir en matière de femmes et à la rapidité avec laquelle il devenait amoureux malgré son âge.

L’Almocaden relata les propos que l’Adalide avait tenus en prison sur celle qu’ils conduisaient avec tant de respect. Le prisonnier avait déclaré qu’il s’était cru autorisé à la vendre à cause de la facilité de ses mœurs. Il avait donné des détails. Il demandait à être entendu par le Kadi ou même par l’Émir.

Ils étaient arrivés à l’entrée d’un long couloir. L’Almocaden entr’ouvrit une porte et Isabelle de Solis le questionna avec un sourire :

— Est-ce que la cellule est éclairée ?

— Oui, répondit-il, il y a une fenêtre grillée qui donne sur le Darro.

Le Hagib allait demander si elle tenait à ce qu’il assistât à l’entrevue mais elle s’était déjà glissée dans la cellule.

Lui et l’Almocaden ne virent rien de ce qui se passa. Ils supposèrent qu’en voyant la jeune femme, l’Adalide qui avait les mains et les pieds enchaînés et qui devait être assis se souleva et se prosterna, la face contre terre, pour demander sa grâce. Ils l’entendirent qui s’exclamait d’une voix étouffée :

— Ô Zoraya ! (lumière de l’aurore).