Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
LA LUXURE DE GRENADE

sérable désespoir que les femmes éprouvent toujours après l’action. Toutes les deux étaient vaincues puisqu’elles pleuraient. Toutes les deux étaient vainqueurs puisqu’elles faisaient pleurer, mais, faute de se contempler l’une l’autre, elles ne pouvaient ni mesurer leur défaite ni jouir de leur victoire.

Tard dans la nuit, au milieu des confitures de roses intactes et des sorbets fondus, on trouva dans la salle des ambassadeurs, sous ses habits magnifiques, une petite négresse endormie. Elle garda, en se retirant, la solennité hiératique qui convenait à l’unique épouse de l’envoyé du Sultan d’Égypte et elle emporta de sa visite à l’Alhambra le souvenir d’une féerie silencieuse et de quelques heures de bon sommeil dans un palais enchanté dont les reines sont absentes.