Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
LA LUXURE DE GRENADE

À peine entré dans la salle des roses il saluait déjà et cela permit à Haroun le bourreau de lui porter aisément un grand coup de cimeterre sur la nuque qui lui détacha presque la tête. Puis on tira son corps dans un coin. Isabelle avait poussé un cri d’épouvante et sans doute l’Almoradi qu’on fit entrer ensuite l’entendit, car il ne fit qu’un seul pas en avant et s’arrêta, regardant à droite et à gauche d’un air effaré. Il reconnut Haroun ou il aperçut le corps de son parent dans le crépuscule de la pièce que n’éclairait qu’une seule lampe placée au fond. Il recula.

Le bourreau lui porta deux coups qui lui fendirent le visage. Il tourna sur lui-même et gesticula, défiguré, sanglant, jusqu’à ce qu’un coup de poignard dans les reins l’eût fait tomber mort dans le bassin dont il rougit l’eau avec son sang.

Il arriva pour le vaillant Ismaïl une chose extraordinaire. Il passait pour être invincible à la guerre et des témoins dignes de foi affirmaient qu’ils avaient vu les flèches glisser sur lui. Il reçut trois coups d’Haroum sans en paraître incommodé ; il tira un poignard recourbé qu’il avait dans sa ceinture et adossé à la muraille il fit face à ses ennemis. Tous se ruèrent sur lui. Il avait saisi un grand vase de porcelaine dont il se protégeait. Son bras droit avec lequel il essayait de frapper était tellement tailladé qu’il lançait des jets de sang à chaque geste qu’il faisait.

Abul Hacen, dressé sur le balcon, suivait cette lutte et avait envie de descendre pour s’y mêler. L’Almoradi l’aperçut et lui lança des injures. Elles se perdirent dans le bruit. L’émir distingua pourtant :

― Misérable aveugle !