Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
LA LUXURE DE GRENADE

trahison d’Isabelle. Est-ce que même il n’avait pas légèrement levé les épaules en l’apprenant ? Le Hagib était stupide. Il agirait seul.

Le soleil allait bientôt se coucher. Un crépuscule translucide baignait la cour des lions.

— Toi qui es la source de mon bonheur, je veux que tu sois témoin du châtiment de mes ennemis.

L’Émir enlaçait Isabelle avec une tendresse feinte qui ne la laissait pas sans inquiétude.

Au fond de la cour des Lions, il y avait une salle de repos pleine de divans qu’on appelait la salle des roses. Un jet d’eau jaillissait au milieu et un balcon la dominait, où on parvenait par un étroit escalier. C’est sur ce balcon qu’ils s’assirent tous les deux. Des silhouettes patibulaires remplirent la salle des roses.

— Pourquoi as-tu fait venir ces gens sinistres ? dit Isabelle.

— J’ai été offensé. Nous avons été offensés, toi et moi. Le sang des calomniateurs va couler, répondit Abul Hacen.

— Il n’y a aucune nécessité à ce que je demeure là, dit encore Isabelle en se soulevant.

Abul Hacen la retint en lui serrant le poignet avec une telle force qu’elle comprit confusément ce qui allait arriver et qu’elle eut peur.

Le premier des Almoradis qui répondit au message d’Abul Hacen fut Ahmed ben Alhassan qu’avait enrichi le commerce des bijoux. Il était porté à la flatterie et a l’humilité et l’habitude des courbettes lui avait, à la longue, donné une inclinaison du corps en avant.