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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/201

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LA LUXURE DE GRENADE

Eh bien ! Il s’abandonnait à la Loi. Il réveillerait la vieille bête féroce endormie en lui, il tuerait et il traînerait encore sa victime par les pieds, il tirerait sur ses cheveux accrochés, il creuserait une fosse en riant.

Il riait déjà. Il arracha vivement un poignard qui était à la ceinture d’un de ses frères et il en jeta le fourreau loin de lui.

Mais les trois lépreux, haletants comprirent son intention. Ils se souvenaient d’une scène semblable. Ils ne voulaient pas que leur proie leur échappât. Malheur à Soleïman s’il perdait la raison et s’il mettait son plaisir dans la mort.

Ils se jetèrent ensemble sur lui pour le désarmer. Khadidja en profita pour se relever. Elle n’avait rien à attendre de ce quatrième lépreux insensé qui riait en luttant avec ses frères, d’un rire aigu et sauvage. Il y avait encore une porte au fond de la pièce. Cette porte donnait sur un étroit escalier qu’elle gravit. Elle monta très haut. Cet escalier n’en finissait plus. Ce devait être l’escalier d’une tour. Elle arriva à la fin dans une salle assez vaste que la lune éclairait à demi et dont elle referma la porte derrière elle. Elle en poussa le verrou et elle eut un soupir de satisfaction.

Mais elle examina la porte. Le bois n’en était pas très épais et ne pourrait pas résister longtemps si on tentait de la défoncer. Son répit ne serait pas de longue durée.

Elle regarda où elle se trouvait. Contre les murailles, il y avait des éclairs d’armes. Des lances, des cimeterres, des arquebuses étaient alignés de tous