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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/207

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LA LUXURE DE GRENADE

naturel. En vérité, ce devait être Azraël lui-même qui lui tendait, du fond de la nuit claire et vide, la robe de la Houri des Houris célestes, celle qui résume la perfection de la forme et qui n’a pas de nom pour être invoquée.

Elle escalada le rebord de la tour, car l’étoffe divine n’était pas tout à fait assez proche.

À cette minute, la porte vola en éclats et Almazan apparut sur le seuil, couvert du sang des lépreux qu’il venait d’égorger.

Khadidja lui sourit. Elle se sentait plus légère que l’azur. Elle fit un geste pour saisir le pan de la voie lactée qui flottait à côté d’elle et elle disparut aux yeux d’Almazan, comme si elle avait été absorbée par la nuit splendide.

— Pauvre Isabelle ! dit Abul Hacen quand Almazan lui eut fait le récit de la mort de Khadidja, quand il lui eut raconté comment, pressentant un danger pour elle, il était venu rôder dans les jardins du Generalife, comment, sur les indications du garde marocain, il avait deviné que Khadidja était emmenée chez les lépreux, comment il avait trouvé Soleïman mort près d’un de ses frères râlant, et Khadidja sur la terrasse de la tour, se précipitant dans le vide.

— Voilà les machinations auxquelles les femmes sont en butte, dit l’Émir. Isabelle pourrait aussi être trompée de la sorte. Veille sur elle comme tu as veillé sur Khadidja.