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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/22

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LA LUXURE DE GRENADE

Le mort était bien mort et avait l’air d’une caricature de cire blanche.

C’était de la rue que venait l’appel. Almazan écouta. La voix était vivante, chaude, impatiente. C’était une voix de femme. On frappait en même temps à la porte d’entrée de la maison.

Almazan referma avec soin la porte de la chambre où il avait couché le cadavre de Pablo. Peut-être un nouvel envoyé allait éclaircir le mystère qui l’occupait. Peut-être venait-on simplement le chercher pour un malade du voisinage.

Comme il atteignait le vestibule et qu’il posait la main sur la serrure, il entendit :

— Ouvre-moi ! Je t’en supplie ! Au nom du Christ !

Il ouvrit. Un être se rua à l’intérieur. C’était une femme. Elle repoussa aussitôt le battant de la porte et se précipita sur les verrous qu’elle ferma. Puis elle encercla Almazan de ses bras, elle se colla à lui.

— Ils me poursuivent. Je crois qu’ils ne m’ont pas vue ! Une seconde de plus et ils me voyaient. Ne bouge pas. Ne fais pas de bruit. Ils sont capables de tout.

Almazan sentit une haleine chaude, un corps demi nu. La respiration haletante de la femme faisait bouger ses seins durs, tressaillir son ventre et ses jambes contre lui.

Des cris retentissaient sur le quai. Plusieurs hommes passèrent en courant. Il y eut derrière eux un pas plus lourd, sans doute celui d’un homme plus âgé. Il trottait avec des grognements et parfois proférait des injures. Almazan entendit :

— Ah ! la truie ! Attrapez-la ! il me la faut !