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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/25

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LA LUXURE DE GRENADE

Elle tenta de lui passer son rubis au doigt et comme il refusait, son regard fit le tour du patio et elle pensa à autre chose.

— Ta maison me plaît, mais je voudrais bien me reposer un peu.

Elle se dirigea vers la porte de la pièce où reposait l’homme mort. Almazan vit qu’elle chancelait légèrement. Il la rattrapa.

— Pas par là, dit-il. Prends cet escalier.

Mais elle s’obstinait en riant. Non, c’est cette porte-là qu’elle voulait ouvrir.

— Laisse-moi entrer. Je te donnerai aussi mon diamant.

Alors il l’enleva dans ses bras et il gravit l’escalier. Elle ne résista pas. Elle fit rouler sa tête sur son épaule et il sentit sa chevelure sur sa joue. Les reins se pliaient en s’abandonnant, elle avait clos à demi ses yeux et il voyait deux points d’or immobile, à travers les cils qui bougeaient. Il la déposa sur son lit.

Elle était lasse tout à coup. Elle s’étira. Elle avait défait son châle et ses seins apparurent sans qu’elle essayât de les cacher. Dans le mouvement qu’elle avait fait en s’allongeant, sa jupe était remontée au-dessus du genou et laissait voir sa jambe nue qui était d’une ligne parfaite. Elle détourna la tête et eut un regard fuyant sous ses paupières mobiles.

— Je te raconterais bien tout, dit-elle avec un grand élan spontané. Mais tu ne comprendrais pas. Il y a des hommes si singuliers. Vois-tu, tout est arrivé à cause de la Cariharta. Une fille comme ça ! c’est une ordure ! Je lui crèverai les yeux. Quant à lui, il est sûr de son affaire. Je le jure sur la Vierge !