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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/264

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LA LUXURE DE GRENADE

Il prit même son cou dans ses mains pour qu’elle pût croire qu’il allait l’étrangler. Elle gémissait doucement. Une de ses jambes pendait hors du lit comme la tige d’un bouquet qu’on écrase. Elle semblait ne jamais l’avoir autant aimé. Et lui entrevoyait maintenant dans la demi-obscurité une forme tendre, laiteuse, couleur de sève, dont la chaleur lui brûlait les reins, dont la beauté l’attendrissait et il aspirait avec la souillure de ce corps une volupté plus grande.

Un peu plus tard, il se leva, alluma une lampe et ouvrit la fenêtre. Il se pencha quelques secondes vers les lauriers blancs du jardin, vers l’horizon de la mer, où les caravelles espagnoles faisaient des taches. Il était avide de questionner sa maîtresse, de savoir depuis combien de temps elle revoyait Tarfé, de se torturer par l’évocation de leurs caresses.

Elle était toute nue sur le lit et il vit qu’elle venait de s’endormir. Son souffle était paisible et un demi-sourire errait sur ses lèvres rougies par les baisers.

Et comme il la considérait, le vent nocturne souffla dans la chambre une haleine moite où le parfum des lauriers se mêlait à l’odeur des cadavres du charnier proche.