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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/277

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LA LUXURE DE GRENADE

le soleil redoublait d’ardeur. Les trompettes qui sonnaient n’étaient pas les trompettes d’Israfil mais celles des gardiens des tours appelant les Gomeres aux remparts. Faute de nourriture et d’eau, beaucoup de soldats ne pouvaient plus se lever pour combattre et les Espagnols élargissaient chaque jour les brèches des murailles.

Hamet el Zegri résolut de tenter une sortie désespérée avec tout ce qui restait de guerriers valides. Massar avait reçu des morts l’assurance de la victoire. Les armes se briseraient sur la poitrine des croyants devenus invincibles. Sa certitude était si grande, qu’il offrit de marcher, nu-tête, devant les combattants, portant la bannière blanche des Gomeres. On accepta et l’enthousiasme revint. La ville eut un dernier frisson de gloire.

Massar tomba le premier d’une pierre de fronde qui lui brisa le crâne. Les Gomeres combattirent avec frénésie mais furent accablés par le nombre. Hamet el Zegri chercha vainement la mort. Il revint couvert de sang, désespéré. Toutefois, il put sauver la bannière blanche.

Alors ce fut comme si la ville sortait de léthargie. Des délégués de quartiers, des délégués de corps de métier glissèrent furtivement vers la maison d’Ali Dordux. Il fallait offrir la reddition de la ville. Ali Dordux l’avait fait de lui-même. Il avait déjà envoyé des émissaires au roi Ferdinand. Il avait proposé d’ouvrir par trahison une porte de la ville, de livrer Hamet el Zegri, ses Gomeres, les renégats, à la condition que les habitants de Malaga auraient la vie sauve et que leurs biens seraient respectés. Le