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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/278

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LA LUXURE DE GRENADE

roi Ferdinand avait répondu que la ville devait être rendue sans conditions, qu’elle serait pillée et que ses habitants seraient réduits en esclavage.

Quand Almazan arriva devant la porte d’Ali Dordux où siégeait le Conseil des Douze, on lui en refusa l’entrée. Comme il s’étonnait et prenait à témoin quelques notables marchands qui se trouvaient là, ceux-ci se détournèrent. Il comprit. Les Espagnols le traiteraient sans doute en renégat, et, pour ne pas avoir à le défendre, les habitants de Malaga se hâtaient de l’abandonner.

Il se dirigea vers le château de Jebelfaro pour rejoindre Hamet el Zegri. Chemin faisant, il voyait des gens pleurer sur les portes. D’autres priaient avec une résignation farouche, prosternés dans les ordures. On venait d’apprendre la réponse du roi d’Espagne.

Mais Almazan ne put pas parvenir au château. La galerie voûtée qui partait de l’Alcazaba et qui y menait avait ses lourdes portes closes. Hamet el Zegri s’était enfermé avec les derniers Gomeres et ne voulait plus communiquer avec une ville qui projetait de se rendre.

Almazan revint chez lui. Isabelle l’attendait impatiemment. Elle lui sauta au cou. Elle était tendre et pleine d’ardeur. Elle l’entraîna aussitôt dans le jardin. Il y avait là un pêcheur du voisinage qui l’attendait aussi. Ce pêcheur était un brave homme nommé Reduan qui avait eu l’avant-bras broyé par un boulet au début du siège et qu’Almazan avait soigné et guéri. Il venait faire part à Almazan du projet de fuite qu’il avait conçu avec deux autres pêcheurs.