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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/282

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LA LUXURE DE GRENADE

pierre, il entendit un cri déchirant. Une femme, à demi nue, essayait d’escalader la balustrade du balcon et de se jeter dans la rue. Ses tresses brunes pendaient et son sein s’écrasait sur la pierre. Comme elle allait basculer, deux hommes surgirent derrière elle. L’un la saisit sous les aisselles, l’autre par les jambes. Ils répétaient :

— Nous ne te ferons pas de mal ! Au contraire !

Il y en avait un troisième qui levait un falot et à cette clarté Almazan vit sur son visage une expression de gaîté idiote.

Quelques pas plus loin, une sorte de colosse qui portait sous le bras une immense épée à deux mains, se tenait le cou d’où le sang coulait et il cria :

— Amenez-le ici ! Il m’a traversé le cou avec ses dents. Puisque c’est un loup, je vais le traiter comme une bête et le clouer sur sa porte. Il servira d’exemple aux autres.

De l’intérieur d’une maison on lui lança un enfant maigre, d’une quinzaine d’années, qui se débattait.

L’homme à la grande épée tira une dague de sa ceinture, saisit l’enfant par le poignet en le lui tordant et, d’un seul coup, au milieu de la main, il le cloua au bois de la porte.

À ce moment, de la maison qui était en face, sortit un soudard qui avait l’uniforme des Galiciens. Ses yeux luisaient dans son visage rusé. Il tirait trois jeunes filles en chemise, attachées à la même corde. Il prit à témoin deux de ses compagnons dont l’un était en train de charger un coffre sur le dos de l’autre.

— Regardez-les, ces païennes. Ce sont trois sœurs.