Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXI

la torture

C’était un Christ, grossièrement sculpté, singulier, horrible. Il était cloué dans la poutre transversale du plafond de cette immense, de cette obscure pièce. Mais les clous étaient mal enfoncés, la croix adhérait mal à la poutre en sorte qu’il branlait et avait l’air de planer dans l’air.

Comme les aides du bourreau l’avaient renversé sur le dos, contre le chevalet, et étaient en train de l’y attacher, Almazan aperçut au-dessus de lui cet étonnant emblème divin et il ne put en détacher sa vue.

La tête était trop grosse et disproportionnée avec le corps qui était étiolé et court comme celui d’un enfant arrêté dans sa croissance. L’artiste ignorant avait mis, sans doute malgré lui, une expression de stupidité sur la physionomie. La mâchoire était épaisse et carrée, les yeux étaient des trous, des trous pleins d’une ombre morte. Les épines de la couronne étaient presque toutes cassées à l’exception de deux,