Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
LA LUXURE DE GRENADE

« Il y a aujourd’hui un an, jour pour jour, que Christian Rosenkreutz est venu pour la première fois m’apporter le message.

« Qu’il y ait des êtres consciemment orientés vers le mal et que ces êtres accomplissent le mal avec amour, avec logique, comme un devoir divin, cette idée a quelque chose de terrifiant.

« Il a raison, le mal triomphe presque toujours. Qu’est devenue la sagesse des prêtres égyptiens ? Elle s’est éteinte, presque sans laisser de traces. Et celle qui était transmise dans les Mystères d’Éleusis ? Plus rien. On a perdu l’explication du monde par les nombres qu’enseignait Pythagore. Dès le début du christianisme, la lettre a étouffé l’esprit et on étonnerait le pape si on lui disait que son église n’est que l’ombre d’une vérité qui a été perdue volontairement. Les gnostiques d’Alexandrie, les disciples de Nestorius et certaines sectes de Syrie et de Palestine, ont possédé aussi cette vérité. Ils ont disparu comme une lampe sur laquelle on souffle. Force du mal !…

« Je ne peux comprendre pourquoi il ne faut pas employer la force. J’ai un fief immense, des soldats et des trésors. Si, comme il me l’a dit, c’est dans ce temps et dans ce pays que le mal doit s’incarner et rayonner avec une force qui n’aura jamais eu d’exemple dans l’histoire du monde, pourquoi ne lutterais-je pas contre lui avec les armes matérielles dont je dispose ? Je suis prêt à remplir mes prisons et à élever des bûchers sur toutes les places de Tolède.