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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/88

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LA LUXURE DE GRENADE

de s’y rendre bientôt et de se faire descendre par le moyen de cette cloche dans les profondeurs de la mer. Du reste, tu vas voir auprès de lui d’autres hommes non moins étonnants.

La porte basse s’était ouverte. Almazan, en jetant un dernier regard dans la rue, vit une silhouette qui s’y dessinait. Il voulut le faire remarquer à Rosenkreutz, mais la porte s’était déjà refermée derrière lui. Il ressentit une impression de fraîcheur. Il était dans la cour intérieure d’une maison arabe et autour d’un jet d’eau, entre des piliers de briques peintes de différentes couleurs, quelques hommes étaient assis et en considéraient un autre, immobile au fond de la cour, qui regardait avec fixité une grande écaille de tortue polie et miroitante comme un bouclier.

Al Birouni s’avança vers les nouveaux venus. Il était maigre, avec une barbe étroite qui, jointe à ses yeux ronds et à quelque chose de décharné et de disproportionné dans ses épaules et ses bras, le rendait semblable à un oiseau de nuit qui serait tout de même un savant.

— Voici Almazan, que Carrillo a désigné à sa mort, dit Rosenkreutz. Il sera le plus jeune d’entre nous, mais peut-être sera-t-il appelé à jouer le rôle le plus actif, car l’heureux hasard d’une guérison l’a fait devenir le favori d’Abul Hacen.

Une voix retentit. C’était celle de l’homme à l’écaille de tortue.

— La mort va entrer dans Grenade. Elle est montée sur une mule blanche. Elle a pris le déguisement de la luxure. La moelle des hommes va devenir chaude et le désir les possédera tellement qu’ils pous-