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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/89

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LA LUXURE DE GRENADE

seront les femmes dans les mosquées pour s’accoupler avec elles sur les dalles.

— C’est Massar, dit Al Birouni, en agitant sa tête de haut en bas comme s’il allait picorer avec un bec. Il est en veine de prophéties. Je le soupçonne d’avoir absorbé en trop grande quantité le chanvre vert qu’on lui apporte de Perse. Écoutons-le. Nous recueillerons une vérité au travers d’un millier d’extravagances.

— Que regarde-t-il sur cette écaille de tortue ? demanda Almazan à Rosenkreutz.

— L’avenir ou le passé. Il emploie un mode de divination usité chez les Chinois. Une lueur dessine pour lui, sur l’écaille, des paroles écrites ou des images.

— Six cavaliers l’accompagnent, clama Massar, dont le visage ascétique exprimait la colère et le dégoût, et elle a le reflet de l’or dans ses yeux. Puisse la porte d’Elvire ne pas s’ouvrir, puissent les remparts se dresser jusqu’au ciel pour lui barrer la route !

Les assistants se pressaient autour de lui, cherchant à comprendre ce qu’il voulait dire. Il regardait fixement devant lui et parfois inclinait la tête comme pour mieux voir. Il poussa soudain un cri et se mit à ricaner.

— Ah ! ah ! Celui des cavaliers qui paraît le chef lui plonge sa main entre les seins. Il la caresse ! Elle se laisse faire. Il embrasse ses lèvres… Ils marchent enlacés… Elle rit… Voilà la reine de Grenade ! Par elle, les mosquées se changeront en églises et seront couvertes de cloches comme des abcès de bronze.