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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/92

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LA LUXURE DE GRENADE

teurs, et plus ils déforment la vérité et la comprennent mal quand elle tombe de haut.

Selon ses idées personnelles, selon les idées de la secte de Soufis à laquelle il appartenait, chacun avait une objection à faire.

Ceux qui étaient Sabéens disaient qu’il était vain de se préoccuper du bien ou du mal. L’essentiel était de rendre un culte à la cause première que la planète Saturne symbolisait parce qu’elle était la plus éloignée. Tawaz avait fait construire pour cela dans ses jardins un temple de forme hexagonale en pierre noire, dont les proportions avaient été indiquées jadis par Pythagore, et où la planète était représentée comme un vieillard indien au teint sombre, tenant à la main une hache.

Ceux qui appartenaient à l’antique secte des Frères de la pureté fondée à Basrah par le poète aveugle Bacchar, prétendaient qu’il fallait uniquement s’attacher à la destruction des dogmes et répandre les traités sur l’essence de la matière et sur l’âme universelle.

Les uns se réclamaient d’Avicenne, les autres d’Averrhoès et il y en avait qui éclataient de rire quand ces noms étaient prononcés. Les esprits s’échauffaient. Toutes sortes d’opinions étaient émises. C’étaient les prophètes qui avaient fait le plus de mal aux hommes par leur orgueil. Un vieillard affirma au milieu des cris que le Bouddha des Hindous était le plus grand.

— N’a-t-il pas ignoré la théorie des nombres de Pythagore ? cria quelqu’un.

— Il n’y a qu’un seul prophète, dit un autre, qui