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LA TENDRE CAMARADE

m’enfonçais chaque minute davantage dans l’égoïsme et dans l’absence de pitié.

Au lieu de descendre et de pousser la voiture avec le vieil homme, je fumais une cigarette dans une pose négligente, ou bien je souriais avec mépris pour faire comprendre aux passants qui se moquaient que je voyais tout le ridicule d’une pareille scène, qu’étranger à cette ville, c’était à la suite d’une méprise que j’avais pris pour me transporter cette voiture de dernier ordre et ce lamentable cocher.

J’allai même jusqu’à faire entendre des plaintes sur la lenteur de la montée et à murmurer que j’étais pressé et qu’il aurait été honnête de me prévenir.

À aucune minute la grandeur de cette fraternité des pauvres ne me toucha.