Aller au contenu

Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Mais un peu plus loin il s’arrêta encore, puis il repartit de lui-même. Mais le vieux cocher alors, d’un mouvement spontané, se jeta à bas de son siège. Je crus que c’était pour tirer le cheval par la bride. Il n’en était rien. Il se mit à pousser la voiture de toutes ses forces, et il y avait sur son visage désolé de pauvre vieillard la crainte de mon mécontentement et la pitié pour son triste compagnon, en même temps que le besoin de l’entr’aider.

Il me semble maintenant, par le souvenir, que la vue de ce spectacle aurait dû arracher des larmes au cœur le plus dur. Il n’en était rien. Les gens que nous croisions se moquaient ostensiblement, et moi j’étais comme tout homme qui s’est engagé sur la voie des mauvais sentiments, j’avais un bandeau sur les yeux, je