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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/26

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LA TENDRE CAMARADE

Je suis née dans le village de Valentine, d’une pauvre fille et d’un père inconnu. Mon premier souvenir est une grande route claire sous un soleil brûlant, où je revenais d’une foire avec ma mère qui titubait, et je la tirais par la main en pleurant, parce que j’avais peur qu’elle soit écrasée par les voitures de foin et les carrioles qui passaient.

On apprend à un certain âge que la vie passe quand même et que d’autres choses surviendront ; mais quand on est enfant, le malheur est sans consolation, parce qu’on n’a ni passé, ni avenir.

Ô petit village placé comme un bouquet rose et blanc au bord de la Garonne, délicieuse vallée de pâturages, de pommiers et de vignes, j’ai vécu là ma détestable enfance et j’aspire à ne jamais vous revoir.