Aller au contenu

Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Sur le lit d’une petite chambre blanche, à Salon, en Provence, avec un bruissement d’arbres à la fenêtre entr’ouverte, je fumais, un soir, solitaire. Des heures passèrent et je me souvins. Et quand j’eus beaucoup fumé, le souvenir s’évanouit et se confondit avec le présent.

Je fermais de temps en temps les yeux, et alors le bruit que faisaient les arbres dans le jardin me rappelait, à s’y méprendre, la voix de la forêt asiatique, là-bas, derrière la véranda de Cao-Bang.

Dans cette voix il y avait des appels désespérés d’âmes souffrantes, le frémissement des ailes des Génies du ciel, le mystère des végétations qui s’accumulent, les paroles que disent les Dragons de pierre immobiles devant la porte du paradis de Lao-Tsen.