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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/265

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Et il me sembla qu’elle était de l’autre côté du plateau, allongée comme autrefois, avec ses yeux interrogateurs, son chignon tiré, sa peau d’ambre. Mais l’expression de son visage n’était plus la même. Elle reflétait l’effroi de la solitude, la tristesse d’être trahie par celui qu’on aime, une peine infinie. Ses joues étaient creusées et il y avait comme deux sillons de larmes sous ses yeux.

Et elle disait :

« Tu as éteint en moi une flamme légère et sacrée que tu avais allumée. Le goût d’apprendre, l’amour des livres, tout cela m’a quittée avec toi. Je redescends maintenant un chemin où il n’y a plus aucun bonheur. Tu as tué ce que tu aimais, l’œuvre que tu avais créée avec ta pensée, que tu avais modelée à ton