Aller au contenu

Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Vers cinq heures, dans le petit bar non loin du port, s’allument les pierreries des cocktails. Ces flammes passagères et multicolores naissent, courent et disparaissent, donnant une brève chaleur à des êtres assis sur des tabourets.

Il y a des officiers anglais qui viennent chercher des femmes pour le soir et qui éclatent d’un bon rire à la moindre parole sur n’importe quel sujet. Il y a un homme très correct qui lie volontiers conversation et qui est un policier venu pour pincer le barman en flagrant délit de vente de coco et d’opium. Il y en a un autre, très beau, très correct aussi, qui fait valoir sa stature et la ligne de son profil, qui est pareil à un dieu avec des moustaches blondes et qui est intérieurement rongé par le souci de l’argent et le désir hai-