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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/42

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LA TENDRE CAMARADE

songes même pas à la préparer par des paroles tendres ! Comment peux-tu cacher tant de fureur sensuelle sous des yeux si dépourvus d’éclat, sous une attitude toujours si modeste ?

Je voudrais te consoler de ton chagrin et aussi éviter celui que je vais éprouver dès que j’allumerai l’électricité et sentirai le poids de la nuit autour de ma chambre vide. Mais pourquoi es-tu si pressée et si violente ? J’aimerais m’asseoir près de toi, te tenir la main, te parler comme une bonne camarade et puis te quitter. Mais non, ce sera impossible. Alors vais-je écouter le bruit de tes larmes sans avoir pitié ?

L’électricité s’éteint brusquement. Je suis bien plus seule dans les ténèbres. Je songe à ton sourire de joie quand tu me verras et pendant que ma main gauche frappe trois petits coups sur ta porte, ma droite résignée commence à dégrafer mon corsage.