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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/55

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Le visage de l’homme à mâchoire carrée se gravait profondément dans l’esprit d’Aline comme se gravent certains visages qu’on voit en chemin de fer, dont on est obligé inexorablement de contempler pendant des heures la stupidité et la bassesse, et qui ressortent ensuite du fond de la mémoire pour vous obséder.

Aline regardait les cheveux ras, la fixité des yeux, le col trop large, la cravate de mauvais goût ; et une grande répugnance lui venait de cet être inférieur et mauvais dont elle sentait le désir sur elle.

Il y avait dans le regard de l’homme le choix du restaurant où il pourrait amener Aline dîner, l’estimation de la somme que lui coûterait la soirée, de la timidité et de la vilenie.

L’atmosphère du bar était épaisse et l’odeur du