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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/59

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« Voyez-vous, mademoiselle, ce dont nous souffrons, c’est de ne pas avoir la faculté de choisir. Quand on pense à l’amour pour la première fois, vers la quinzième année, on sent bien qu’il y a une foule d’êtres sur la terre que l’on pourrait aimer et avec qui l’on pourrait être heureux.

« Je me rappelle qu’autrefois, dans la petite ville de Villefranche, il y avait pour moi, presque à chaque maison, une possibilité de maîtresse charmante. Quand je passais dans la grande rue, le sourire de la fille du médecin, l’œillade de la pâtissière constituaient des promesses certaines, un flot d’espérances. Je vivais dans un rustique endroit, plein de femmes médiocres, comme sur un riche trésor d’amour.

« Mais à mesure qu’on avance dans la vie on devient