Aller au contenu

Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Je me rappelle que tout l’argent que je possédais je l’avais dépensé pour acheter un chapeau et pour prendre mon billet de chemin de fer. La gare était ensoleillée et je regardais des jeunes filles qui avaient des parents, une maison, et qui rentraient le soir chez elles pour dîner.

Je portais toutes mes misérables affaires roulées dans une serviette, j’avais quelques sous pour toute fortune et je m’en allais seule. Dieu sait où.

Deux marchands de chevaux qui attendaient à côté de moi, sur le quai, me regardaient avec des yeux luisants de désir. Quand je respirai l’odeur de voyage et d’humanité du wagon de troisième classe, mon cœur défaillit et je faillis revenir en arrière. Mais la vendeuse de journaux me fit bonjour de la main et