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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/97

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J’ai eu un amant qui me fit faire les villes d’eaux. Ce fut l’année où j’eus beaucoup d’argent. Il m’en prenait, il est vrai, la plus grande partie. Je la lui donnais avec joie, car l’empire qu’il exerçait sur moi était une forme de l’amour.

Il me battait au premier prétexte. Il me donnait de grands coups dans le dos qui me faisaient très mal, et une amie m’a dit que si j’avais eu une bronchite l’année dernière, c’est à cause de ces coups que j’ai reçus.

Il n’était jamais tendre avec moi et il ne m’a jamais dit qu’il m’aimait. Mais il avait parfois des accablements, des tristesses un peu sauvages qui me rapprochaient de lui et qui me faisaient l’aimer pour le consoler. Je savais qu’il n’était pas mauvais, au fond, et qu’il ne me battait que parce qu’il était d’une