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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/99

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Quand on a mené, pendant ses premières années, une vie misérable, on garde ensuite le souvenir de cette misère comme un fardeau qu’il faut porter, qui est très lourd et qui vous attire en bas.

Je marche dans la rue sans penser à rien, quelqu’un me heurte, je suis étourdie, je regarde et instinctivement j’ai envie de mettre mon bras devant mon visage pour parer un coup. En une seconde je suis redevenue une humble petite fille de la campagne à qui tout le monde donne des taloches.

J’ai quelquefois en moi des désirs d’élégance, de succès, et je me sens la volonté de les réaliser. Mais j’ai une chaîne qui me lie à la pauvreté et qui m’empêche de m’élancer en avant. Et si je cherche à