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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/140

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tent un marmot, presque aussi gros qu’elles, et nu comme un ver, à califourchon sur la hanche. Les yeux de gazelle brillent, mangeant la face brune, toujours chargée de bijoux, de ces fillettes qui sont déjà de petites femmes. Toutes ont des mines soupçonneuses et sournoises, leur démarche est pleine d’une grâce ingénue et barbare. Certaines mordent dans un fruit avec des grimaces de singe, leurs gestes sont souples comme ceux des chats.

Quand nous prenons une ruelle étroite, la fuite éparpille ces filles devant le pousse, tel un essaim de papillons diaprés qui s’envolerait d’un buisson. Leurs ancêtres ne devaient point s’enfuir d’une plus vive allure quand arrivaient les Mahrattes. Celles qui n’ont pu s’esquiver, faute d’issue, se blottissent contre un mur, avec des regards épouvantés de bête forcée et des cris de détresse, comme si leur dernière heure était venue, pour le moins. La vue de Soupou ne réussit pas à calmer leur terreur. J’offre de la menue monnaie d’argent à ces effrayées. Vaine manœuvre ! Elles se cachent le visage et poussent des hurlements lamentables, je vois leurs larmes dévaler en cascades de perles, à travers leurs doigts, inondant les rosaces d’or qui char-