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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/141

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gent leurs narines frémissantes. L’enfant, toujours à califourchon, se cramponne au cou de la porteuse. Pareil à un petit saint Jean de terre cuite, parfois à une grenouille, il ouvre démesurément une bouche muette d’angoisse. Je suis décidément mal vu. On refuse mes présents. Je renonce à apprivoiser cette engeance. J’interroge Soupou. Sa réponse est invariable : « Que voulez-vous, monsieur, ça ne sait pas. »

Et il parle à ces fillettes — pour les rassurer, je pense — d’un accent tellement sec, qu’elles demeurent atterrées, jusqu’à ce que la place leur devienne suffisante pour s’enfuir. À la vérité, je crois que Soupou, pareil en cela à ses compatriotes, est jaloux de toute la population féminine de Pondichéry. Il voudrait me servir de guide, me promener sans que je puisse rien voir. La vue des marchands de cotonnades, de riz, de grains, qui bâillent, assis en tailleur sur leurs étaux, entourés d’oisifs non moins considérables, doit me suffire. Si j’ai le malheur de lui dire : — Regardez donc, Soupou, la jolie créature en corset noir, oui, là, à droite, qui a de si beaux bras, là, devant les verroteries !…

Soupou Krichnassamy tourne aussitôt la tête