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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/95

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s’exhale un charme lourd et mystérieux comme les effluves des fleurs de ton pays dont le parfum nous plonge dans une pernicieuse ivresse…

Mais la voix du commissaire, ceinturé de l’écharpe tricolore, m’arracha à ma rêverie. Il m’apprend que la danseuse me remercie encore pour la pièce d’or. Et je vois la bayadère installée sur le temple flottant de son dieu. La Péri jouit, ce semble, d’un assez mauvais caractère. Adossée à l’autel de Çiva, elle glapit, jure contre un porteur de flambeau dont le pied a froissé le sien, dans la presse. Le radeau se met à glisser sur l’eau. Doucement halé par les Hindous qui tirent les cordes, il côtoie le bord, écartant la foule des baigneuses dont les épaules brillent sous la lumière des torches.

Merveilleux spectacle que ce temple lumineux filant sur le lac ! On croirait voir ces chasses miraculeuses des légendes qui traversaient les eaux en les éclairant, pour la confusion des infidèles. La surface sombre de l’étang réfléchit les traînées de feu. La foule applaudit. À ses cris de joie succède le fracas des trompes. Puis les gongs résonnent, les tambours battent. Les doucines et les flûtes commencent déjouer, et d’une voix monotone les six bayadères célè-