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Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/266

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captivité, la connaissance de Voghera et de Rovigo, deux inséparables qui ne pouvaient vivre sans se disputer. Particularité originale, Voghera était né dans une ville d’Italie portant le nom de son ami. Venu en amateur à cette réunion organisée par Gouzien, il suivit courageusement le compagnon Bécu et moi, qui étions demeurés aux prises avec la foule et riposta aux assommades par trois coups de revolver qui, chacun, blessèrent leur homme. Nous fûmes arrêtés par la police on ne peut plus à propos : nous allions être mis en pièces et je dois reconnaître que le commissaire de police reçut les trois horions qui m’étaient destinés. Un des agents qui m’appréhendèrent, se trouvait le neveu d’un déporté intimement connu à Nouméa.

— Messieurs, nous dit le lendemain le commissaire, après une nuit passée, dans une cellule de deux mètres carrés, Choisy-le-Roy est un pays fort tranquille, — nous saluâmes ironiquement, — en conséquence son budget n’a prévu les frais d’entretien d’aucun prisonnier. Je suppose que vos opinions libertaires ne vous empêchent pas d’être soumis à la tyrannie de l’estomac : je comprends ces besoins et j’ose dire que je les partage ; en outre, j’ai trop à cœur les intérêts du commerce local pour ne pas contribuer à sa prospérité dans la faible limite de mes attributions. Si donc vous désirez vous faire apporter des victuailles d’un restaurant quelconque ou même tout autre, vous n’avez que l’embarras du choix, à la seule condition de payer. Dans votre intérêt, qui seul me guide, je vous recommanderai le restaurant Brouillard : célérité, discrétion, cabinets particuliers… pardon ! j’oubliais… et prix modérés.

Ce discours nous ayant servi d’apéritif, nous accor-