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Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/289

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les nihilistes, exécuteurs de généraux et de tzar, agissaient sans pose. Qu’on approuve ou non leurs actes, on est forcé de reconnaître que la conviction et non l’intérêt personnel, armèrent Ravachol, qui mourut le front haut, et l’autre, le meurtrier du délateur Véry. Mais ceux-là, ces péroreurs assourdissants, eunuques qui ne font pas et empêchent les autres de faire, qui crient « aux pontifes » et, dans leur ignorance, sont plus despotes que les doctrinaires, ce serait une étrange faiblesse que de les laisser sans riposte parler au nom de l’anarchie qu’ils présentent à l’image de leurs conceptions enfiévrées, ou brutales.

Le dynamiteur pour de bon échappa aux Melville, aux Houillier, aux Fédée. Ceux-ci, perquisitionnant dans une maison où ils ne trouvèrent rien, se virent donner une sérénade par le rédacteur en chef de l’En-dehors, Zo d’Axa, réfugié sur le sol anglais, tandis qu’une nuée d’anarchistes gouailleurs enveloppait les mouchards déconfits. Le fugitif se trouve en sûreté où il est, où il restera jusque ce que l’heure qu’il attend, sonne pour tout vrai révolutionnaire.

Cependant, deux tendances se faisaient jour parmi les anarchistes de Londres, répondant chacune à un état d’esprit, à un tempérament particuliers : l’une était favorable, l’autre contraire à l’organisation.

Croire que quelques explosions peuvent suffire à renverser toute une société est une erreur aussi profonde que de s’imaginer la révolution susceptible d’être décrétée à jour fixe et tirée au cordeau. Que des audacieux, jaloux à l’excès de leur autonomie et se sentant étouffer dans le groupement, préfèrent agir en solitaires, rien de plus juste, il faut respecter leur initiative et surtout