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Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/290

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ne pas les traiter de mouchards quand ils font quelque chose. Mais, de leur côté, ils sont tenus à respecter également l’action des méthodistes et à ne pas leur lancer à tout propos l’accusation de cheffisme. Ce manque de tolérance réciproque amena à Londres des zizanies.

Il faut bien l’avouer, tandis que la philosophie anarchiste faisait de rapides progrès atteignant avec les martyrs de Chicago l’apogée du sublime, le sens révolutionnaire s’émoussait chez nombre de nos camarades. L’absence d’objectif nettement déterminé, le manque d’aliment à une activité pratique ont, jusqu’à ce jour, contribué à notre impuissance, — qui, à la vérité, n’a pas été plus grande que celle des autres fractions socialistes. Nous avons été quelques-uns à le crier sans cesse qu’il ne fallait pas toujours laisser fuser nos forces dans la poésie ou la métaphysique : on nous traitait d’autoritaires.

Et les occasions se présentaient, et jamais on n’en profitait.

Nous avions commencé ici une campagne de manifestes, dont quelques-uns « Dynamite et Panama », « À bas la Chambre ! » etc., firent sensation, les journaux bourgeois s’empressant de les reproduire. Paris avait semblé bouillonner un instant, en janvier 1893, à la veille de la rentrée des Chambres ; mais, comme toujours, les socialistes autoritaires, braves de loin se trouvèrent mal, le jour venu et une poignée infinitésimale d’anarchistes sans armes, manifestant sur la place de la Concorde, fut facilement dispersée. Venu subrepticement à Paris, je pus constater, un quart d’heure plus tard, combien les abords de la Chambre étaient peu menacés. D’ailleurs, le majestueux Lozé, alors préfet de police, était là, tou-