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Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/40

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tirés sur les rangs à l’appel du soir, — attentats assassins que n’expliquait pas la moindre provocation. Étrangers à toute idée politique ou sociale, ils voyaient dans les communards non des ennemis vaincus mais des coupables qui refusaient obstinément de se repentir.

Les premiers déportés arrivés à l’île des Pins avaient trouvé un pays couvert de broussailles et de lianes, où il fallait, presque à chaque pas, se frayer un sentier la hache à la main. De maisons encore moins que de routes ! Ils débroussèrent, construisirent, ensemencèrent le sol et de cette terre de relégation, pittoresque et salubre, en somme, firent un séjour supportable. On leur laissa la latitude de s’organiser et, répartis en quatre communes, ils élurent pour chacune d’elles un délégué chargé de se tenir en rapports avec l’administration pour les distributions de vivres, d’habillements et les communications diverses. Cette ombre de régime municipal satisfaisait quelques loustics, peu exigeants en matière de revendications sociales et qui disaient plaisamment : « On nous a déportés parce que nous voulions la Commune en France et on nous la donne ici ! » D’autres, il est vrai, avaient vu un peu plus loin, animés d’un bon socialisme fraternitaire, tels que le père Asseline, ébéniste presque septuagénaire, qui chantait aux Arabes, souriants dans leur gravité :

Les peuples sont pour nous des frères,
Des frères ! (bis)
Et les tyrans des ennemis !

Après les difficultés inséparables de tout premier début, en Océanie aussi bien qu’en Europe, les proscrits