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Page:Malinowski - Mœurs et coutumes des Mélanésiens, trad. Jankélévitch, 1933.djvu/107

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que. Deux femmes partent à la recherche d’œufs d’oiseaux. L’une découvre un nid sous un arbre, mais l’autre la met en garde : « Ce sont des œufs de serpent ; n’y touche pas ! » — « Oh, non ! ce sont des œufs d’oiseaux », répond-elle, et elle les emporte. Le serpent-mère revient et, trouvant son nid vide, il part à la recherche des œufs. Il entre dans le village le plus proche et entonne cette chanson : « J’ai marché en suivant toutes les sinuosités du chemin. — Il est permis de manger les œufs d’un oiseau ; mais il est défendu de toucher aux œufs d’une amie. »

Le voyage dure longtemps, car le serpent-mère va de village en village, chantant partout la même chanson. Il entre enfin dans le village habité par les deux femmes et, apercevant la coupable en train de faire cuire les œufs, il s’enroule autour d’elle et entre dans son corps. La victime s’affaisse, impuissante et souffrante. Un homme habitant un village voisin voit en rêve cette situation dramatique ; il accourt, retire le serpent, le coupe en pièces et épouse les deux femmes, remportant ainsi une double récompense pour sa prouesse.

Dans une autre histoire il est question d’une heureuse famille, se composant du père et de deux filles, qui quitte son pays pour se diriger vers les archipels de corail du nord, mais se trouve déviée vers le sud-ouest et emportée vers les pentes sauvages de l’île rocheuse de Gumasila. Le père s’étend sur une plate-forme et s’endort. Un ogre sort de la jungle, dévore le père, capture et enlève une des filles, l’autre ayant réussi à s’échapper. Cachée dans les bois, elle parvient à armer la captive d’une massue et lorsque l’ogre, s’étant couché, s’endort, elles le coupent en deux et s’enfuient.

Un femme habite, avec ses cinq enfants, le village d’Okopukopu, tout près d’une crique. Un « stingaree », de dimensions monstrueuses, débarque sur le rivage, se précipite à travers le village, pénètre dans la cabane et, aux sons d’une chanson, coupe un doigt de la femme. Un des fils essaie de tuer le monstre, mais n’y réussit pas. Le même processus se répète les jours suivants, jusqu’à ce qu’au cinquième jour le plus jeune fils de la femme réussisse à tuer le poisson géant.

Un pou et un papillon entreprennent un petit tour en avion, le pou en qualité de voyageur, le papillon en qualité d’aéroplane