Aller au contenu

Page:Malinowski - Mœurs et coutumes des Mélanésiens, trad. Jankélévitch, 1933.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

kula, alors que leur importation est, au contraire, encouragée. C’est là une sorte de moratoire qui suspend tous les paiements, sans atteindre les recettes, et qui vise à encourager l’accumulation d’objets de première utilité à la veille d’une grande distribution cérémonielle. Une autre institution légale importante est le kayasa, sorte de contrat cérémoniel : le chef d’une expédition, le maître d’une fête, l’entrepreneur d’une affaire industrielle organise une grande distribution cérémonielle ; ceux qui y prennent part et bénéficient de sa générosité s’engagent à assister le chef pendant toute la durée de l’entreprise.

Toutes ces institutions, kayasa, kaytapaku, kaytubutabu, comportent des obligations spéciales. Elles ne sont cependant pas d’ordre exclusivement légal. Ce serait commettre une grave erreur que de traiter la question de la législation en se contentant d’énumérer ces quelques dispositions, dont chacune sert à une fin spéciale et ne remplit qu’une fonction très partielle. Le principal domaine de la loi doit être cherché dans le mécanisme social qui se trouve à la base de toutes les obligations et dans la composition duquel entrent un grand nombre de coutumes, mais, ainsi que nous le savons déjà, pas toutes les coutumes.

XIII

Conclusions et anticipations

Nos investigations n’ayant porté que sur une partie de la Mélanésie, nos conclusions n’ont naturellement qu’une portée limitée. Ces conclusions reposent cependant sur des faits qui ont été observés à l’aide d’une méthode nouvelle et envisagés à un point de vue nouveau, si bien qu’elles seront peut-être de nature à stimuler d’autres observateurs à se livrer à des études similaires dans d’autres parties du monde.

Résumons l’opposition qui existe entre les opinions courantes sur la question et les faits que nous avons présentés ici. Il est universellement admis, dans l’anthropologie moderne, que toute coutume est pour le sauvage une loi et que le sauvage n’a pas